L’engagement est une des interrogations de notre société hypermoderne, résultat des progrès de la santé et de la qualité de vie, en tout cas en Occident depuis plus d’un siècle : la dépendance au corps social pour la survie des individus et du groupe, a perdu de son acuité pour laisser place à l’avènement et l’accomplissement de l’individu.  La psychanalyse a contribué de façon décisive à ce mouvement : en approchant le monde interne, inaliénable et propre à chaque sujet, en révélant l’inconscient et la richesse du fonctionnement psychique, elle a déployé une possibilité, étonnante et spécifique, de traiter la souffrance psychique. La psychanalyse s’est donc définie à la fois comme une théorie du fonctionnement mental, une méthode de travail pour approcher la vie d’âme et ses conflits, et une méthode de traitement.  

En 1913 Freud publiait « Sur l’engagement dans le traitement » où il comparait l’engagement d’une cure à celui d’une partie d’échecs : il y a des règles à l’engagement comme aux échecs celles des ouvertures. Ces règles données permettent d’enclencher au mieux le processus analytique. L’engagement signe à la fois l’initialisation de ce processus, sa mise en mouvement mais il ouvre aussi à une direction du travail, ce qui suppose que ce dernier se déroule selon un certain ordonnancement « logique » qui est la conduite de la cure. Aussi, Freud prenait-il le temps nécessaire, quelques semaines parfois, avant d’engager un patient dans une cure.

En effet, tout engagement est un processus psychique complexe où plaisir et souffrance s’affrontent.      

Les psychanalystes après Freud –la psychanalyse hors divan, se sont engagés dans l’abord des multiples formes et expressions que peut prendre la souffrance psychique, notamment celle qui résulte des divers engagements des sujets et des conflits internes et intersubjectifs, que ceux-ci engendrent : l’engagement dans le travail, dans l’amitié, dans l’amour et dans le couple, dans la parentalité, dans la famille, dans le socius.  Quelle est la psychodynamique propre à cette dialectique entre souffrance et recherche du plaisir ? Comment la décrire, la comprendre, pour modéliser de nouvelles voies du soin psychique ?  

Pour poursuivre l´élaboratioin de ces questions nous recevrons en 2024-2025: Yves JEANNENOT, Geneviève BOURDELLON et Christophe DEJOURS qui nous accompagneront dans notre réflexion.

Marie-Aimée Hays et André Ciavaldini